
J. Vos créations sont présentées sous la marque « Jour de Pluie », c’est un jeu de mot avec votre identité ?
Oui, en partie!
Je m’appelle Julie PERRET et ma marque reprend les même initiales.
Mais son nom est aussi issu d’une boutade de mes frères et soeurs me taquinant sur le fait que j’apprécie les activités que l’on pratique en général quand il pleut, comme la peinture, le dessin, le tricot, le crochet,…
J’aime énormément l’ambiance lente et cocooning qui s’installe lors des jours de pluie.
O. Origines. Quelles sont les vôtre ?
Je suis une Provençale, une fille du Sud de la France. J’ai grandi à Eygalières, un merveilleux petit village de la région des Alpilles.
Mes parents étaient également tous deux provençaux, avec des racines montagnardes dans les Alpes.
Ils m’ont transmis l’amour pour la nature et le goût d’une vie simple remplie de plaisirs rustiques: sentir l’odeur de la lavande sur l’oreiller, écouter le chant des cigales faiblir au crépuscule, goûter un morceau de pain imbibé d’huile d’olive.

U. Décrivez nous l’univers de vos dessins.
Mes illustrations sont nées de la volonté d’immortaliser mon quotidien vécu à Abidjan.
Je dessine tout simplement et principalement ce que je voie, ce qui me marque, afin d’en garder un souvenir pour toujours. J’aime ajouter une touche humoristique un peu décalée, et conserver un style simple et lisible.



Mes dessins racontent une histoire, celle de la découverte et de l’expérience d’une vie dans la mégalopole ivoirienne.
Au détour d’une rue, d’un trajet, je me dis plusieurs fois par
jour: « Tiens je dois dessiner ça, c’est tellement Abidjan! ». Le temps me manque pour concrétiser la multitude d’idées que cette ville me propose.
R. Retour en arrière sur votre parcours de vie.
Depuis l’enfance, ma personnalité se partage entre un sens artistique développé et un esprit scientifique indéniable.
Je suis à la fois une touche à tout créative qui aime faire de ses mains et une intello qui croit en A+B.
Encouragée par ma famille, j’ai étudié la physique fondamentale à l’université et obtenu un diplôme de qualification en physique radiologique et médicale.
J’ai toujours continuer à créer, de diverses manières, mais c’est réellement ici, à Abidjan, que j’ai pu m’épanouir dans ma
pratique de l’illustration.
A présent, mes deux passions se côtoient et je me sens de jour en jour plus en phase avec moi même.
D. Doutes. En avez-vous souvent dans vos créations ?
Ceux qui me connaissent savent que le doute fais partie de moi depuis toujours.
Sur tous les sujets, je peux même passer 15 minutes pour choisir entre deux paquets de pâtes!
Alors biensûr le doute est là aussi lors de mon processus créatif et les questions me submergent souvent.



Ai-je choisi la bonne couleur?
Dois-je rajouter encore quelque chose?
Est ce que ce dessin va plaire?
Et puis au final, je me laisse guider par mon instinct, je me fie à mon oeil, et à celui de mon conjoint qui me conseille beaucoup.
E. Enfant, quels étaient vos rêves?
Oulà, ils étaient nombreux!
Devenir styliste de mode, écrire et dessiner un livre pour enfants, cuisiner une soupe au pistou aussi bonne que celle de ma mère, faire le tour du monde en van, être bien dans ma peau.


Certains persistent encore et c’est
tant mieux car je ne veux jamais cesser de rêver.
Je ne suis pas une personne ambitieuse, ni utopiste, j’ai des rêves simples pour moi et mes proches.
P. Profession?
J’exerce le métier de physicienne médicale dans le domaine de la radiothérapie.
Le physicien médical est le spécialiste garant de la dose de rayonnement ionisant délivrée au patient dans le cadre d’un traitement, généralement contre le cancer.
En collaboration avec les médecins radiothérapeutes, j’élabore les plans de traitement techniques pour les patients et suis également responsable de la calibration et du contrôle des appareils d’irradiation et de calcul.
C’est un métier passionnant, en perpétuelle évolution et mutation.
A Abidjan, j’évolue depuis trois ans au sein du Centre National d’Oncologie médicale et Radiothérapie Alassane Ouattara, afin d’appuyer l’équipe locale suite à l’ouverture du centre en 2018.
L. Liberté. Quel est le sens de ce mot pour vous ?
J’aime les grands principes et je m’attache à vivre quotidiennement en essayant d’être au plus proche de ce que j’appelle le « bons sens ».
Parmi mes valeurs, l’idée de tolérance, de partage et de respect.
Je suis une grande optimiste et la liberté compte beaucoup.



Liberté d’être qui l’on est, de penser ce que l’on pense, de croire comme l’on croit.
Du moment que l’Autre à droit à la même place dans ce monde.
U. Utile. De quoi avez vous besoin dans votre vie ?
La réponse peut paraitre bateau, mais réellement de pas grand chose!
J’ai besoin de me sentir utile dans ce que je fais. J’ai besoin d’exprimer ma créativité et ma personnalité à travers le dessin et l’aquarelle, j’ai besoin de solitude.



Le silence et
l’isolement me ressourcent beaucoup quand je me sens dépassée.
Je trouve que notre monde va trop vite, trop fort, trop loin et j’ai très souvent besoin de ralentir.
I. Ivoire. Pourquoi et comment êtes vous arrivée dans notre beau pays, la Côte d’Ivoire ?
Adolescente, je me projetais déjà dans une expérience de vie sur le continent Africain.
Attirée par l’inconnu, la différence et avide de mieux connaitre l’Autre, je n’ai donc pas hésité à quitter mon boulot à Marseille lorsque mon mari a été muté à Abidjan.


Tout était aligné à ce moment là de notre vie. Son poste touchait à sa fin en France et moi j’avais envie de découvertes.
Ma démission tout juste posée, j’apprenais que mes compétences de physicienne seraient bienvenues ici dans le
centre de radiothérapie.
Le choix de partir était le bon, j’étais à ma place.
E. Environnement. Sa protection vous parait-elle importante ? Y faites vous attention dans votre quotidien ?
E comme évidemment!
L’état actuel des connaissances sur les sujets climatiques etenvironnementaux ne laisse plus de place au doute.
Je fais de petits gestes, qui sont bien peu de choses mais il faut bien commencer quelque part. Savons et shampoings solides à la maison, gourdes, sacs réutilisables, la base.


Je dois avouer que ce fut un choc lors de mon arrivée en Côte d’Ivoire.
La nature est ici un vrai Paradis, mais le chemin est encore long pour éveiller les consciences et garantir sa
préservation pour les générations futures.
L’environnement doit devenir pour tous une priorité, au même titre que la santé et l’éducation.
Petit mot de fin
Anitié ( merci en dioula) pour ta spontanéité, ta fraîcheur, et ton tempérament joyeux de partage et de découverte.
On te découvre aimante, emphatique, famille, et solitaire….mais ce qui peut paraître contradictoire, finalement ce complète parfaitement dans ta recherche de fixer les souvenirs avec ton toi et ton environnement.
J ai beaucoup aimé faire cet interview avec toi, et que te souhaiter de plus que de continuer à dessiner, à peindre pour notre plus grande plaisir.
Entre nous, je suis déjà une bonne collectionneuse de ses illustrations A4😉
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